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Luiz Norohna et sa vision globale sur l'eau au Brésil

 

 

La suite de notre voyage nous a conduits sur la magnifique île de Santa Catarina, à Florianópolis. Ici, a contrario de Sao Paulo, c’est la quiétude qui s’impose. L’homme a laissé de la place à la nature et nous profitons d’un paysage digne d’une carte postale.

 

Mais dès notre arrivée, les problèmes d’eau identiques à ceux de Sao Paulo resurgissent. Les réservoirs d’eau sur les toits, les filtres à eaux dans les cuisines, … Tous ces éléments continuent de troubler notre quotidien. Pourtant, il y a de l’eau partout. Nous logeons face à un immense lac (Lagoa da Conceição) et d’après ce que l’on a pu voir, il semble pleuvoir très régulièrement.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous apprenons que la baignade dans le lac est interdite : la raison ? Trop pollué. Nous apprenons également que la compagnie locale de distribution de l’eau vient d’être condamnée pour ne pas respecter les normes de qualité de l’eau distribuée. Mais alors, le Brésil est-il condamné à des problèmes pour s’alimenter en eau potable sur tout son territoire, alors qu’il détient des ressources immenses ?

 

Pour avoir une vue plus globale de la situation du Brésil, nous avons rencontré Luiz Noronha. Nous avons réussi à lui voler une de ses heures précieuses à la fin d’une de ses longues journées de travail. Il est directeur régional de la BRDE (Banque Régionale de Développement du Brésil du Sud). Mais pourquoi avoir rencontré un banquier sur notre route ? Son CV qu’il nous a détaillé va répondre à cette question :

 

 

En 1976, Luiz Noronha a commencé sa carrière en tant qu’ingénieur pour la compagnie d’eau de Porto Alegre. Les différents projets sur lesquelles il travaille l’amènent à rencontrer le monde de la finance, et il se crée ses premiers contacts à la Banque Mondiale (World Bank). Il travaille alors sur les problèmes de pollutions dans les rivières.

 

En 1985, il obtient un poste de directeur de projet pour l’état du Rio del Sur toujours dans le même domaine.

En 1988, ayant fait preuve de son expérience, il devient consultant pour la Banque Mondiale sur les questions de la ressource en eau et de l’agriculture. Cela le conduit à participer à des projets dans toute l’Amérique du Sud (Uruguay, Paraguay, Argentine) et même l’Amérique centrale avec le Mexique !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dix ans après, il va revenir à Rio del Sur pour quelques années, avant d’être appelé à travailler pour la compagnie nationale d’électricité pendant un an, pour les travaux de la Coupe du monde de football de Sao Paulo, pour la BID (Banque International de Développement) sur la nappe d’eau GUARANIA.

 

En 2011, il devient l’une des grandes têtes de l’agence nationale de l’eau du Brésil (ANA).

 

En 2012, il prend la fonction qu’il occupe encore aujourd’hui à la BRDE.

 

Mais alors, Mr. Norohna, que se passe-t-il ici ? Quelle est la situation du Brésil face à ces problèmes d’eau ? Peut-on comparer la situation de Sao Paulo avec le Brésil tout entier ?

 

Sa réponse va nous surprendre :

Le Brésil est divisé en 27 états, chacun gèrant leur ressource et distribution en eau. Et de tous ces états, Sao Paulo est l’un des meilleurs dans la gestion de l’eau. Imaginons une minute qu’un tiers de la population française vive dans la même métropole, et qu’une compagnie doive organiser la distribution de l’eau pour chacun avec des ressources très limitées.

 

Jusqu’à la sècheresse inattendue de 2014, rien ne laissait supposer que Sao Paulo aurait les problèmes qu’elle rencontre actuellement. Et Luiz Noronha n’est pas inquiet de ce que nous avons appelé une crise (cf. Article : La Crise de l’eau à Sao Paulo). Le grand problème du Brésil, c’est qu'il n'est préparé à aucune sécheresse sur son territoire. Si une sécheresse avait eu lieu au Nord Est du Pays, où à Rio del Sur, la situation aurait été bien pire. Non, ce qui rend réellement soucieux Mr. Noronha, c’est que la sécheresse de Sao Paulo est très certainement annonciatrice d’une vague de sécheresses qui sera étalée sur tout le pays.

 

Le Brésil ne peut plus nier le changement climatique qui est en train de se passer. Et celui-ci est accentué par le phénomène del Niño.  Cette circulation atmosphérique entre pôle et Equateur provoque déjà de nombreux problèmes sur la côte pacifique du continent, et il semble se confirmer qu’il aggrave les phénomènes de sécheresse sur la côte Atlantique.

 

Si les sécheresses venaient à se généraliser dans tout le pays, alors là oui, Mr Noronha nous confirme qu’il y aurait vraiment une crise de l’eau au Brésil. Aujourd’hui il faut se préparer aux sécheresses sur tout le territoire, mais mis à part à Sao Paulo, le Brésil ne favorise pas vraiment les solutions à moyen et long terme.

 

Nous en venons alors à lui poser la question de la pollution des eaux. D’une part, les eaux usées ne sont pas traitées avant d’être rejetées, et d’autre part l’eau distribuée est trop polluée pour être potable. Est-ce que la compagnie d’eau de Florianopolis est vraiment coupable si elle n’arrive pas à distribuer de l’eau non polluée ?

 

Luiz Norohna n’est pas surpris par la question. Et sa réponse est brève. Le problème est dans la mentalité générale de la population. « Au Brésil, nous avons de l’eau, beaucoup d’eau ! Alors, pourquoi nettoyer l’eau alors que de la propre arrive, juste là… » Il faut donc changer cette mentalité, ou changer les gens.

 

Mais comment faire ?

 

Le métier actuel de Luiz Norohna est une des réponses à cette question. Dans sa banque, la BRDE, une des lignes directrices est de préparer les états du Sud à leurs problèmes futurs d’eau. Il a participé à créer 3 types de crédits :

  •   Un crédit dédié aux activités qui prennent en compte la consommation et le rejet des eaux usées (Water Used friendly)

  •   Un crédit dédié aux productions agricoles durables et économes en eau (développement de systèmes d’irrigations économes, et intelligents…)

  •   Un crédit pour les actions liées à la revitalisation des rivières

 

Ces crédits ont pour but de donner les moyens aux entreprises de changer leur manière de fonctionner, et de concevoir une utilisation des ressources durables. Voilà la solution, il faut donner les moyens aux personnes qui ont des idées pour les transformer en réalités !

 

Un mot sur les possibilités de travail au Brésil pour les jeunes ingénieurs français ? Bien que la situation économique du pays ne soit pas très favorable, il faut tenter toutes les opportunités. La carrière de Luiz Noronha s'est faite de ses prises d'initiatives et des opportunités dont il a su profiter. "Toute est une question d'inspiration, et de transpiration"

 

Ainsi s'est terminée notre rencontre avec Luiz Noronha. Nous le remercions grandement pour le temps qu'il nous a accordé. Nous n'aurons pas eu le temps de parler "technique", mais il est important de rappeler que les problèmes d'eau dans le monde sont également des problèmes financiers et de mentalités.

 

Par Léo Breuilly

Relecture Quentin Défossé

Le 11 octobre 2015
 

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