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Le Désal de l'Amiral

Après deux nuits de bus depuis Ho Chi Minh Ville nous arrivons à notre nouvelle destination : Hội An. Cette ville est au centre du pays, cerclée d’un côté par la mer, de l’autre par la rivière Song Thu Bon. Nos contacts sur place, Nicolas GENESTE -SAMISSOF et Patrick TELLIER, viennent nous chercher en scooters. Quelques cafés nous permettent de nous lancer dans la découverte de l’association Le Désal de l’Amiral et de son projet.

 

 

Le Désal de l’Amiral est une association française implantée au Viêtnam qui travaille sur le développement d’un procédé de production d’eau douce à partir d’eau salée. L’équipe est encore petite mais très motivée. On y trouve Aurélia, chargée de communication, de l’administration et trésorière, Nicolas, récemment diplômé de l’école Grenoble INP – Ense3 et chef de projet, Lucas, étudiant automaticien également de notre école qui réalise un stage de 6 mois. Pour compléter l’équipe, une secrétaire basée en France, Sonia, permet de faire les démarches nécessaires au fonctionnement de l’association.

 

La reconnaissance de l’association est déjà certaine. La fondation Partenariale Grenoble INP soutient ce projet et Veolia a récemment décerné le prix « coup de cœur » du trophée performance au projet lors de l’édition 2015 du concours. (voir l'article sur le site de l'école)

 

Pour que nous comprenions mieux  ce projet, c’est Patrick, son initiateur, qui nous raconte son histoire.

Ancien officier de la marine marchande, il découvre le Viêtnam et tombe amoureux de la ville d’Hôi An. Son expérience et sa curiosité scientifique le rendent à l’affût des nouvelles technologies. Il fourmille d’idées et de projets. Son esprit d’entreprise le mène à les mettre en application en tant qu’entrepreneur. Pour cela, il a logiquement besoin d’être secondé. C’est à ce moment que le recrutement de stagiaires intervient à l’ENSE3 ! Il y a quelques années, il a monté une éolienne avec la participation d’un stagiaire de l’ENSE3. L’année dernière, il lance alors le projet du dessalinisateur. Cette idée lui vient de son ressenti vis-à-vis des problèmes d’eau au Viêtnam. En plus d’une saison sèche de plus en plus marquée, le pays connaît en effet des pompages importants des aquifères, ce qui entraîne la salinisation des nappes phréatiques et des rivières proches de la côte.

 

Voyant émerger ces problèmes, au Viêtnam comme ailleurs, il se souvient d’un système déjà bien connu à bord des bateaux : le bouilleur.

 

En effet, les bateaux ont besoin d’eau douce pour fonctionner, autant au niveau des machines (le sel abîme les installations) que pour ravitailler l’équipage ! Pour cela, un appareil appelé bouilleur permet de vaporiser l’eau salée pour recueillir une eau douce par condensation. Un procédé simple et efficace, mais l’énergie nécessaire à l’ébullition est souvent apportée par le charbon ou le fioul et le refroidissement par des circuits de circulation d’eau de mer.

 

Cependant, le projet ne se limite pas à la réutilisation d’un système déjà bien connu. Ici, l’objectif est de s’inspirer de celui-ci pour créer un désalinisateur moins énergivore et compétitif avec les autres procédés de fabrication d’eau douce à partir d’eau salée (par exemple l’osmose inverse). C’est là que le projet prend toute son ampleur.

 

 

Rues d'Hôi An la nuit, éclairées aux lanternes. L.B.

Nicolas nous l’explique ainsi : « Nous bénéficions aujourd’hui de technologies avancées qui nous permettent de mettre au point des procédés efficaces, de façon écologique et pérenne. Ce sont ces aspects que nous voulons apporter à une technologie qui a déjà fait ses preuves. »

 

Le système évolue donc avec la réflexion de toute l’équipe. Les principaux atouts qui permettent d’améliorer le système aujourd’hui sont les suivants :

 

  • La réalisation de certaines étapes du processus sous vide.

Cette condition va permettre de réduire la température d’ébullition de l’eau et ainsi réduire significativement l’énergie utilisée.

 

  • L’ajout d’une phase de dégazage de l’eau avant son ébullition.

Cela va faciliter la réalisation du vide ensuite. En effet, lorsque l’eau va s’évaporer, elle créera essentiellement de la vapeur et non d’autres gaz (O2, N2). De cette façon, on ne perturbe pas le vide créé pour l’économie d’énergie.

 

  • La possibilité ou non de reminéraliser l’eau douce produite.

L’eau produite par l’ébullition est dessalée, mais aussi déminéralisée. L’équipe du Désal de l’Amiral réfléchit à un système qui permettrait de choisir de reminéraliser ou non l’eau produite : soit avec des pastilles reminéralisantes pour la consommation soit avec de l’eau de mer pour l’agriculture.

 

  • L’intégration d’une composante durable.

L’équipe va plus loin encore en réfléchissant à la production d’énergie pour alimenter le système. Pour ça, ils utilisent notamment des capteurs solaires thermiques. Ce sont des dispositifs qui captent l’énergie solaire sous forme de chaleur et qui va la transférer à un fluide caloporteur. C’est cette chaleur qui sera utilisée pour le bouilleur. De cette façon, le dispositif complet ne produit pas de gaz à effet de serre et devient un système autosuffisant.

Principe de fonctionnement du désalinisateur.

Le projet est donc en plein essor et son avenir commence déjà à se dessiner. Maintenant que la partie théorique a été réalisée, un prototype du dispositif complet devrait prochainement voir le jour. Une autre réflexion importante de l’équipe concerne l’utilisation du dispositif. A qui va-t-il s’adresser ? Comment éduquer les populations à son utilisation ? Comment réfléchir à son impact sur les populations qui l'utiliseront ?

 

Dans ce cadre, Lucas travaille sur l’Interface Homme-Machine du système afin de faciliter son utilisation tout en évitant d’ajouter des composants électroniques coûteux et complexes à changer en cas de panne.

 

Une piste envisagée concernant l'aspect social du système consisterait également dans la création d’un cercle vertueux : il lierait la production d’eau du système et son entretien à l’activité d’une école. Ainsi, les enfants pourraient venir à l’école et repartir avec de l’eau pour leur famille, au lieu de consacrer leur temps à chercher de l’eau comme ils peuvent parfois le faire. De plus, la présence de professeurs pourrait assurer l’entretien et le bon usage du dispositif.

 

Le projet du Désal de l’Amiral est donc sur de très bons rails pour révolutionner un secteur en plein essor. Nous avons été très touchés par ses particularités. D’une part, il utilise une technologie simple mais l’améliore, d’autre part l’association y intègre une dimension écologique et durable à travers une gestion intelligente de l’énergie. De cette façon, l’idée de départ se transforme en projet ambitieux, porté par une équipe chaleureuse et dynamique !

 

Les 2 Gouttes d'eau et l'équipe du Désal de l'Amiral. De g. à d. : Léo, Nicolas, Lucas, Quentin et Aurélia.L.B.

Nous souhaitons donc bon courage à toute l’équipe pour réaliser ses objectifs et mener à terme ce projet qui nous a vraiment plu ! Si vous aussi vous voulez rejoindre l’aventure ou si vous voulez en apprendre plus, n’hésitez pas à contacter Nicolas !

 

Contacts au Désal de l’Amiral :

  

Nicolas Geneste-Samissoff

Hoi-An, Vietnam

ledesaldelamiral@gmail.com

 

Pour en apprendre plus sur l’histoire des bouilleurs :

http://www.anciens-cols-bleus.net/t12360-la-production-d-eau-douce-a-bord-le-bouilleur

 

 

 

 

 

Ecriture Quentin Défossé

Relecture Léo Breuilly, Nicolas Geneste-Samissof

 

 

 

Qui sommes nous ?

2 Gouttes d'eau est une association d'élèves ingénieurs de l'Ense3 - Grenoble, qui monte des projets autours des thématiques liées à l'eau.

Que faisons nous ?

L'association monte de nombreux projets, grâce à son pôle international d'une part, et son pôle local d'autre part.

 

Nos articles

Découvrez ici les articles écrits par les membres de l'association. Vous y apprendrez beaucoup sur l'eau à travers le monde !

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