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Teuk Saat 1001, l’entrepreneuriat social au service de demain.

Avant d’arriver au Cambodge, nous avions entendu parler de 1001fontaines. Et depuis notre arrivée, tout le monde nous recommande d’aller les rencontrer ! Cette ONG française travaille depuis une dizaine d’année sur l’accès à l’eau potable, d’abord au Cambodge mais aussi aujourd’hui dans d’autres pays. Elle a créé une branche quasi indépendante qui gère ses projets au Cambodge, Teuk Saat 1001. Nous sommes donc partis à la rencontre de cet organisme. Après avoir parcouru le site, nous sommes convaincus : Il nous faut les rencontrer !

Quelques coups de téléphone et c’est directement M. Chay Lo, co-fondateur de 1001fontaines et « executive director » de Teuk Saat, qui nous propose un rendez-vous. Parfait !

 

Phnom Penh est une grand ville et les locaux de Teuk Saat sont situés tout au sud. Heureusement, la ville ne manque pas de tuktuk pour nous emmener à notre rendez-vous.

Vidéo de présentation de Teuk Saat. http://www.teuksaat1001.com/index.php

Contrairement aux autres organismes rencontrés, on perçoit directement que Teuk Saat est une ONG cambodgienne. Comme souvent, nous retirons nos chaussures à l’entrée du bâtiment. L’ensemble du personnel est cambodgien et porte fièrement les polos aux couleurs et insignes de l’organisme. Déjà sur les murs nous apercevons des posters rappelant les valeurs et objectifs de Teuk Saat, son organisation, son fonctionnement.

 

CHAY Lo nous reçoit avec un grand sourire et nous entamons la foule de questions qui nous taraudent.

L’histoire de 1001fontaines a commencé il y a quelques années, en 2003, tout simplement autour d’un dîner. M. Chay était venu en France pour étudier à l’Ecole Nationale des Eaux et Forêts et était invité chez Virginie Legrand, volontaire à Enfants du Mékong qui l’avait aidé par le passé. Ce fut pour lui l’occasion de présenter à des français son pays, sa culture et surtout ses défis. Le Cambodge est un pays soumis à un climat très particulier, limité à une saison sèche et une saison des moussons.A cela s’ajoute son histoire récente, difficile, façonnée par les khmers rouges et la guerre civile qui ont entraîné la destruction importante des infrastructures du pays, donc des infrastructures liées à l’eau. Résultat ? Les gens des campagnes se contentent de puiser leurs eaux dans ce qu’ils ont à leur disposition : des mares, des rivières, la pluie, des puits non sécurisés. Mais tout cela n’est pas suffisant. Comme le disait Pasteur : « nous buvons 90% de nos maladies. » Et dans cette population où l’éducation sur l’hygiène et la santé font défaut, on ne fait pas attention à améliorer la qualité de son eau de boisson (par l’ébullition par exemple).

Comme le disait Pasteur : « nous buvons 90% de nos maladies. » Et dans cette population où l’éducation sur l’hygiène et la santé font défaut, on ne fait pas attention à améliorer la qualité de son eau de boisson (par l’ébullition par exemple). En expliquant tout ça lors du dîner, Lo a interpelé les gens présents. « Mais alors, on peut changer quelque chose ? », demandent-ils. Oui, et c’est l’objectif de Lo Chay. François Jacquenoud, présent ce soir-là, et Virginie Legrand proposent de l’accompagner dans une nouvelle aventure, forts de leur expérience : 1001fontaines naît en 2004.

 

 

Tandis que 1001fontaines chapote le projet global, Teuk Saat a été créé au Cambodge pour gérer son exécution effective sur le terrain.

L’objectif de base de 1001fontaines est d’améliorer les conditions de santé de la population cambodgienne, et pour cela, il passe par la distribution d’eau potable. Pour atteindre ces objectifs, l’action de l’organisme suit les 3 points suivants :

Produire de l’eau potable est en effet nécessaire, mais pas suffisant. La méthodologie suivie par Teuk Saat permet de rendre durable cet accès à l’eau en y intégrant d’autres composantes. Ainsi, une fois qu’un village a été désigné après une phase de prospection (besoin identifié, population assez importante, terrain disponible, sources disponibles…), une annonce est réalisée pour recruter et former un entrepreneur qui gèrera la station de production. Teuk Saat apporte le financement et la construction de la station mais également la formation de son gestionnaire. Cette approche a plusieurs avantages. Elle crée des emplois durables au niveau local, renforce l’implication des villageois et assure la pérennité de l’installation et de la distribution.

Un site de production dans un village. Source : www.teuksaat1001.com

Les techniques utilisées pour purifier l’eau dépendent des sites de production et des sources mais la majorité des sources sont de surface. L’eau suit alors un procédé classique de potabilisation : décantation, filtration et désinfection aux lampes UV. Cependant, il est peut être nécessaire de s’adapter aux spécificités des eaux à traiter (dureté spécifique…) en ajoutant d’autres procédés.

De plus, les résultats sanitaires font changer les mentalités !

Les villageois consommant l’eau potable sont moins malades, ce qui leur permet de dépenser moins d’argent en soin, avoir plus de temps pour leurs activités et de diminuer l’absentéisme à l’école. Tous ces changements permettent aux gens de prendre conscience petit à petit de l’importance de l’eau potable et de l’hygiène. Teuk Saat préfère parier sur ces méthodes douces, ainsi que sur l’organisation d’évènements (anniversaire des sites de production, journée de la femme…) pour changer les mentalités plutôt que d’utiliser la méthode traditionnelle de publicité intensive.

A la campagne, les villageois stockent l’eau non potable dans ces grands vases traditionnels, L. B.

Après dix ans d’activité, Teuk Saat a créé plus de 100 sites de production autour de Battambang et Phnom Penh. Leurs sites les plus anciens ont permis d’éprouver la durabilité et l’efficacité du modèle utilisé. Pour assurer un suivi régulier de toutes ces installations, une méthodologie rigoureuse et des plateformes régionales ont été créées.

Organisation du suivi mensuel des sites.

Ces plateformes permettent de centraliser la R&D, les opérations de suivis, de formation et de soutien aux entrepreneurs locaux des villages. Et l’organisme continue de développer son activité à vitesse grand V. Deux nouvelles plateformes devraient voir le jour, à Siem Reap et Kampong Cham,  afin de couvrir une plus grande partie du pays. A terme, au moins 250 sites de production devraient être installés sur l’intégralité du Cambodge.

Organigramme de Teuk Saat.

Ces engagements ne se font pas sans cohérence avec le développement du pays. Le gouvernement a en effet posé une stratégie pour fédérer les actions visant à distribuer de l’eau potable. L’objectif final est de fournir de l’eau potable à l’ensemble de la population d’ici 2030 et des réunions mensuelles permettent de coordonner l’action des différents acteurs : état, ONG, financeurs.

 

Mais Chay Lo nous précise ce qui tient vraiment à cœur à Teuk Saat : L’autonomie.

 

La philosophie de l’organisme est d’employer des gens du Cambodge, en sortie d’études  universitaires, afin que Teuk Saat puisse continuer à se développer au Cambodge sans dépendre de fonds extérieurs ou de personnel expatrié. Plus fort encore, sa méthodologie vise à ce que chaque entrepreneur de village soit indépendant de Teuk Saat et que chaque plateforme soit également autonome. Construits de telle façon, l’action et ses résultats seront durables, quoi qu’il arrive à l’avenir.

Devant tout ce travail et ces résultats encourageants pour la suite, nous nous demandons quel est le secret de Chay Lo.

 

 

«  Il faut avoir un déclic en se posant les bonnes questions : Quelle est ma mission ? Qu’est-ce que je veux faire de ma vie et de mes capacités ? Ensuite, il faut comprendre le fonctionnement du monde, les problèmes qui le jalonnent pour voir comment agir. Enfin, lorsque l’on lance son projet, nous avons besoin de personnes d’expériences pour nous accompagner. C’est comme lorsqu’un enfant apprend à marcher. Ses parents sont là pour le retenir s’il tombe, mais le laisse aussi évoluer par lui-même. Et une fois que l’enfant sait marcher tout seul, qu’il se sent en confiance, plus besoin de ses parents ! Mais après cela, il faut pourtant continuer à être patient et conscient de ce qui se passe et des évolutions autour de nous. Même après 10 ans, je découvre de nouvelles choses presque tous les jours ! »

Pour en apprendre un peu plus sur ces organismes :

 

Site internet de Teuk Saat : http://www.teuksaat1001.com/index.php

 

Site internet de 1001fontaines : http://www.1001fontaines.com/fr

 

Site internet d’enfants du Mékong : http://www.enfantsdumekong.com/

 

 

 

Ecriture Quentin Défossé

Relecture Léo Breuilly et Isabelle Oudinot

Le 12/03/2016

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2 Gouttes d'eau est une association d'élèves ingénieurs de l'Ense3 - Grenoble, qui monte des projets autours des thématiques liées à l'eau.

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